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Les preuves contre Saddam Hussein l L'Affaire Elf

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     Analyse des articles

          :: Le Canard enchaîné

               :: Caricature

Le titre de la caricature : Irak : Powell va présenter un nouveau dossier apparaît traditionnel avec un ton résolument objectif. Cette caricature du dessinateur Pétillon comporte des éléments très simplifiés qui portent à croire que nous sommes dans le bureau du président des Etats-Unis. On note que George. W. Bush montre du doigt un dossier relativement mince qui n'est autre que le dossier censé contenir les fameuses « preuves accablantes » qui inculperaient l'Irak. Le dialogue entre le dirigent de la nation américaine et Colin Powell se révèle satirique. En effet, la réplique : « faute de mieux… »prouve que ces preuves ne sont pas si accablantes. On sait maintenant qu'ils n'ont trouvé que des preuves discutables : photos satellite, rapports d'espions et témoignages.
On peut donc voir que Le Canard Enchaîné joue à fond la carte de l'humour au second degré.

               :: Article

     Composé de quatre paragraphes qui correspondent chacun à un argument, cet article accroche le lecteur par son ton faussement naïf et moqueur.

     En effet, l'écrit commence très fort avec l'emploi d'un in media res : «alors, ces preuves patentes ?» qui nous "annonce la couleur" d'entrée. Les preuves qui nous sont présentées ont été fabriquées avec «une paire de journaux et de ciseaux». (On pourra noter le moyen qui est très péjoratif).
Le premier argument exposé est un extrait de certaines écoutes téléphoniques qui sont reçues depuis New-York. On y entendrait des officiers irakien prononcer des phrases comme, par exemple, «bougeons cela» ou «ce n'est pas possible qu'ils aient raté cela».         
     En premier lieu, ce paragraphe paraît très sérieux mais la dernière phrase employée par le journaliste : «Accablant, n'est-ce pas ?» nous montre une certaine ironie du journaliste par rapport à ces premières preuves avancées.

     Passons maintenant au second argument présenté qui, lui, est tiré de la télévision irakienne où l'envoyé spécial du Monde aurait surpris Saddam Hussein en flagrant délit. Le journaliste du Canard , Frédéric Pagès, nous décrit un extrait où l'on apprend que le dictateur aurait demandé si les soldats avaient assez de savon pour se laver les mains avant et après le repas et si les armes étaient bien huilées. Puis il conclu ce paragraphe en disant que c'est un message codé qui désignerait le ricin et l'anthrax. L'emploi de l'expression : «Convaincant !» détruit la thèse d'un codage qu'aurait utilisé le chef irakien.
     Terminons avec le troisième point qui est, lui-même, divisé en deux parties. Le premier avance tout un tas de coïncidences qui entremêlent à la fois le crash de la navette spatiale Columbia, le nom du village au-dessus duquel elle s'est désintégrée (ce village se nomme Palestine), la nationalité d'un des astronautes morts lors de cette catastrophe et le fait qu'il ai participé en 1981 au

bombardement du réacteur nucléaire Osirak. L'accumulation de tous ces faits rend l'argument ridicule. Le second indice et donc le dernier de l'article va jusqu'à agresser le président des Etats-Unis en le traitant d' « ultraprotestant »et accompagné de sa bande «de religieux allumés ». Ici, la critique est très forte et dévoile le fort sentiment d'animosité que ressent l'auteur de ce papier vis à vis de G.W. Bush. On note aussi, avec l'antithèse Axe du mal/Empire du bien, F.P. a délibérément inversé les notions utilisée par le président des Etats-Unis et qualifie le pouvoir américain d' « Axe du mal » qui aurait été choisi par Dieu pour « punir l'Empire du bien ».

     Pour conclure, on pourrait donc qualifier cet article de grinçant vis à vis du pouvoir américain. On note une gradation qui se termine par une attaque personnelle en la personne de G.W. Bush. L'auteur n'hésite pas à employer des termes provocants ce qui rend l'article très incisif.

          :: Charlie Hebdo

               :: Caricatures

     La première caricature a l'apparence d'un Polaroïd qui serait une des soi-disant preuves des Etats-Unis inculpant l'Irak. Sur cette "photo" prise à Bagdad le 20 janvier 2003, au restaurant de Babylone, on peut voir un Irakien assaisonnant son plat avec de la moutarde. L'auteur de la "photo" a mis en valeur le pot et l'a légendé insinuant que la moutarde entrait dans la composition du gaz moutarde. Cette caricature de Charb démontre, par l'ironie, la paranoïa et la mauvaise foi des Etats-Unis prêts à traquer le moindre détail pour l'interpréter à leur manière.

     Cette seconde caricature nous fait entrer dans les coulisses du pouvoir américain. Nous assistons, en effet, à un dialogue entre Colin Powell et George Bush où le secrétaire d'état américain fait part au président des Etats-Unis du résultat des investigations. Le dessinateur pousse à l'extrême le ridicule des recherches utilisant même la nationalité de Saddam Hussein comme une preuve de sa culpabilité. La critique est plus significative dans la deuxième vignette où l'auteur dénonce les intérêts économiques des Etats-Unis comme on peut le voir avec la sympathie qu'ils portent au Koweït.

Cette troisième caricature est dans le même style que les deux premières. C'est à dire que l'auteur se moque du pouvoir américain qui, par n'importe quel moyen, tente d'inculper Saddam Hussein à propos des armes de destruction massive. Ici, le président des Etats-Unis s'approprie la Convention de Genève et la traduit à sa façon.


     Cette avant-dernière caricature a pour protagonistes les inspecteurs en désarmement de l'O.N.U. en plein travail. L'humour, toujours présent, accuse l'obsession de ces agents à vouloir enquêter dans les moindres détails. On peut ainsi voir un inspecteur vouloir pénétrer dans des sanitaires occupés. Le dessin simpliste met en évidence le côté "direct" de cette caricature.

Cette dernière caricature sur le sujet des preuves contre le chef politique de l'Irak est plus sobre. Malgré tout, elle clôt le paroxysme en matière d'hypocrisie en nous présentant un détail repéré par satellite et qui s'avère être, en fait, une bouteille de javel et qui apparemment serait interprétée par les Etats-Unis comme une arme de destruction massive.


Pour conclure sur ces caricatures, nous pouvons affirmer qu'elles ont toutes un caractère très incisif envers les Etats-Unis d'Amérique.

               :: Article

     L'article de Charlie Hebdo, qui s'intitule « Saddam, des articles comme s'il en pleuvait », a été écrit par Gérard Biard. Le ton prépondérant est le comique accompagné de satirique, d'ironique, le tout parsemé de multitudes de jeux de mots.

     On note l'ironie et la moquerie dès le début de ce papier. La première figure de style est visible avec l'expression «Tous sur le pont, et à l'assaut !» La seconde est matérialisée par l'antithèse entre la «fourberie», qui n'est pas sans nous rappeler
Les Fourberies de Scapin et les moyens déployés par les Etats-Unis lorsque l'on apprend qu'ils ont du utiliser des «photos satellite, des rapports d'espions, des témoignages de dissidents et de savants biologico-chimico-atomiques» (On note, ici, la farce de l'annotation).
     Ensuite, l'auteur de l'article s'amuse à employer des mots comme «ratatiner» et d'autres encore… Il devient péjoratif lorsqu'il parle de «l'Irakien moyen n'a pas le temps de s'ennuyer» ou alors «l'Irakien a le choix entre mourir de faim, mourir en prison, mourir sous la torture voire un mélange des trois». On tombe alors dans une tonalité beaucoup plus proche de l'humour noir. On ressent, à travers son article, à la fois un fort sentiment de désapprobation face à la position de George W. Bush mais également un très faible sentiment de sympathie à l'égard du chef irakien.
     Malgré tous les emplois de figures de style et de différentes tonalités, l'article est essentiellement constitué de faits et de descriptions très traditionnelles. Il termine toutefois son papier par «Et ça ferait faire à Washington des économies de photos satellite», ce qui nous laisse sur un sentiment comique qui résumé parfaitement la mentalité générale de l'article.

     Le texte en entier peut paraître trop personnel dans le sens où l'on a l'impression de n'avoir à faire qu'aux sentiments propres de

l'auteur. Il n'implique pas vraiment son lecteur, reste sur ses idées, arrive peut-être à convaincre mais ne persuade pas.     
     Le texte en entier peut paraître trop personnel dans le sens où l'on a l'impression de n'avoir à faire qu'aux sentiments propres de l'auteur. Il n'implique pas vraiment son lecteur, reste sur ses idées, arrive peut-être à convaincre mais ne persuade pas.

     Comparaison des articles

     La comparaison entre les deux journaux : Le Canard Enchaîné et Charlie Hebdo font découler plusieurs observations flagrantes sur la façon de traiter un thème : ici, en l'occurrence «Les preuves contre Saddam».
Si l'on devait émettre une comparaison entre les deux articles, nous noterions en premier lieu qu'ils se différencient, tout d'abord par leur taille. Celui de
Charlie hebdo est beaucoup plus long que celui du Canard Enchaîné. Il est également plus traditionnel bien que l'on sent l'ironie de temps en temps. L'article du Canard Enchaîné est plus court, il condense sa critique en peu de mots, peu de phrases, peu d'arguments ce qui le rend beaucoup plus féroce en même temps. Chaque mot a son importance et signifie quelque chose de précis. L'article de Charlie Hebdo se différencie car il est plus humoristique moins «méchant» sans doute que l'autre.
Pour finir, on pourrait donc conclure que Le Canard Enchaîné remplit mieux son rôle de journal satirique avec des articles beaucoup plus provocants. Néanmoins, on remarque que les caricatures de
Charlie Hebdo sont plus efficaces par leur humour.

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