L'équipe du journal se compose d'environ soixante collaborateurs permanents, dont une quarantaine de journalistes. Parmi eux, treize dessinateurs (BRITO, CABU, CARDON, DELAMBRE, ESCARO, GHERTMAN, GUIRAUD, KERLEROUX, LEFRED-THOURON, PANCHO, PETILLON, POTUS, WOZNIAK) et une quinzaine d'administratifs, ce qui représente une structure relativement légère.

     Cabu

   Jean Cabut né à Châlons-sur-Marne en 1938, est le fils d'un professeur des Arts et Métiers. Il étudie à l'école Estienne et s''entraîne pendant dix ans en croquant la vie rémoise. Au lycée, il crée même un journal satirique pour se moquer de l'enseignement du dessin industriel, intitulé "Le petit Fum's". Polémiste, s'exprime en attaquant. Véritable sténographe du dessin et parfait caricaturiste, il croque sur place ses reportages. Reporter-dessinateur-type, (peut-être le seul encore en activité), il se définit comme témoin du quotidien et collectionne les procès que l'armée lui intente.

     Il a couvert l'affaire Ben Barka pour Le Figaro et est notamment le créateur du « Beauf » en 1976.

     Cabu collabore à de nombreux périodiques dont Pilote, L'enragé, Charlie Hebdo, Le Canard enchaîné, Libération, Le Figaro...

     Pétillon

     Rares sont les dessinateurs qui excellent à la fois dans la caricature politique et la B.D. PETILLON est de ceux-là, notamment avec LOUP, CABU et Claire BRETECHER."PETILLON pétille"… Certes, le jeu de mots est sans doute un peu facile, mais il résume bien l'admiration portée au créateur de "L'Inspecteur Jack Palmer", sa plus célèbre série de Bandes Dessinées.
     Né en 1945 à Lesneven (Finistère), René PETILLON a publié ses premiers dessins d'humour, en 1967, dans "Planète". Le succès fut immédiat et il dut très vite partager son talent entre les nombreuses revues qui le réclamaient: "Plexus", "Penthouse", "Glamour", "Le Point", "Elle", "A Suivre", "Fluide Glacial", "Métal Hurlant", "Télérama", "L'Echo des Savanes", etc…

En 1972, il avait publié sa première B.D. dans le fameux "Pilote" de Goscinny, le créateur d'Astérix, qui avait bien raison de lui prédire un brillant avenir dans la Bande Dessinée : en un quart de siècle, PETILLON a publié 25 albums! Un chaque année, sans compter les recueils de dessins
humoristiques. Le Salon International de la Bande Dessinée d'Angoulême en 1989, lui décerna son Grand Prix.
     Rien ne manquait à sa gloire... Mais il manquait à celle du "Canard". A l'Automne 1993, le "Canard Enchaîné", qui cherchait une nouvelle plume, proposa à PETILLON de rejoindre l'équipe. Avant d'accepter, il réfléchit longuement et faillit même refuser. Sa rigueur professionnelle et son honnêteté intellectuelle le conduisaient à se demander s'il était mûr pour se lancer, à presque 50 ans, dans
l'inconfort d'une nouvelle carrière!
     Pourtant, il avait déjà une certaine expérience du dessin politique puisqu'il avait, en mai 1968, participé avec SINE au lancement de "L'Enragé" et que, en 1976, il avait crée, avec Yves GOT, les aventures du "Baron Noir". Mais seuls les grands sont capables de remettre en question leur propre valeur…

     Sa première parution dans le "Canard" date de février 1994. Depuis, il a publié chaque semaine, entre cinq et huit dessins dont un strip qui ouvrent souvent la "Une".

     Carlos Brito

     Il est né le 28 avril 1943 à Lisbonne et arrive à Paris en 1963.Il est licencié en sociologie et n'a pas de formation artistique. Il occupera de multiples emplois de 1957 à 1980. Il est dessinateur de presse depuis 1980 et collabore au Monde et au Canard Enchaîné.

     Cardon

     Une écriture, une vision de la condition humaine.
     Jacques-Armand CARDON est né en 1936 à Lorient. Il se souvient que son père, qui était marin voilier, savait jouer du banjo et dessiner. Lui a toujours dessiné. A cinq ans, il décalquait des professeurs Nimbus. Il a dû trouver très tôt que, quand on dessine, on s'exprime en silence, on peut se dispenser de demander ou de prendre la parole puisque l'on se sert d'un autre code que l'on s'est inventé. Il apprend la gravure, la lithographie, la sculpture. Ses premiers dessins sont publiés en 1961 dans "Bizarre" édité par J.-J. Pauvert.
   Ses principales collaborations se font dans : "Siné-Massacre", "France-Soir" pour la série "Le crime ne paie pas", "L'Humanité Dimanche", "L'Enragé" et "Action" en mai 68, "Politique Hebdo", "Satirix", "l'Echo des Savanes", "Le Fou parle".Il travaille au "Canard Enchaîné" depuis un quart de siècle. Il a créé en 1981 "Le Père Denis" avec Kerleroux, Vasquez de Sola et Grandremy.
   Il a réalisé un film d'animation "L'Empreinte" en 1974, et une chorégraphie avec Paul André Fortier à Montréal. Il a participé à plusieurs émissions de télévision: "Tac au Tac" de Jean Frappat, et des génériques. Il a à son actif, des affiches, des couvertures de livres, des albums ("Ligne de fuite" chez Albin Michel, "La véridique histoire des compteurs à air" aux Editions La Courtille, l'illustration de "L'Apocalypse est pour demain" de Jean Yanne, "Y'a de la joie" à la Découverte.)Il a participé à des expositions collectives ou personnelles en France et à l'étranger, notamment à Sierre, Genève et Lausanne, en Suisse, Forte dei Marmi, en Italie, Francfort en Allemagne.

     Les dessins de CARDON représentent avec une insistante minutie des êtres singuliers, mais dont l'appartenance à l'espèce humaine ne fait aucun doute. Ils se tiennent debout, leurs mains peuvent porter un objet, chaudron ou valise, tenir un registre; ils savent marcher en bon ordre entre des barrières métalliques, le long d'un mur; ils peuvent chanter, si un petit coucou affrété pour une campagne publicitaire les y incite en déployant dans le ciel quelques mesures de noires et de croches, mais ces êtres sont silencieux, ils ne parlent ni ne se touchent, et la bouche, sur leur face, parfois n'apparaît pas. Le plus souvent, ils sont nus, et la fine trame grise des traits de plume les revêt d'un pelage uniforme. Ce ne sont pas des semblables, ce sont des identiques… Pour CARDON, dessiner est la façon de comprendre les choses: "Je veux trouver une espèce de symbole ramassant la totalité du sujet, le plus possible de signification sans le dire : c'est comme s'il ne fallait pas utiliser la parole".
   Le dessinateur propose des formes, des thèmes, la structure du fermé et de l'ouvert, celle du sol et du ciel, toute une organisation visuelle, mais il n'impose pas d'interprétation. On peut lire ses pages soit comme des fables, en restant au plan de l'universel, soit en y voyant un violent coup de projecteur sur l'actualité la plus brûlante, soit en y percevant un témoignage lancinant sur les expériences faites durant sa jeunesse (...). Il s'agit, selon un mot auquel CARDON semble tenir, d'une "écriture", il dit même d'une "graphologie". (Marie RAMA).
   Il a collaboré à "Pilote", "L'enragé", "Charlie Hebdo", "Le Canard Enchaîné", Libération, Le Figaro...

     Delambre

     Il est né en 1949 à Liévin. Il a fait de nombreuses professions avant de vivre de ses dessins. C'est un collaborateur régulier au "Canard Enchaîné" depuis 1983.

     Cardon

Il est né en 1936. Il entre aux arts décoratifs de Paris en 58. De retour de service militaire, il dessine des cartes postales, des pochettes de disque et des foulards puis il passe au dessin d'humour. Mai 68 le révèle comme dessinateur politique. Il co-fonde le "Père Denis" en 1981. Il reçoit le Prix de l'humour noir en 1987 et de la satire politique en Italie en 1990. Il utilise la bulle avec délectation. Il collabore régulièrement au "Canard enchaîné" depuis 1972.

     Lefred-Thouron

     Il est né à Nancy en 1962. Avec ses lunettes noires, son blouson de cuir et ses santiags, il est d'abord disc-Jockey. Après un court passage aux beaux-arts dont il se fait virer, il se met au dessin de presse pour passer le temps. Il publie ses premiers dessins dans "Hara Kiri". Il collabore ensuite à "L'Evénement du Jeudi", "Fluide Glacial", etc… En 1987, le Festival d'Epinal lui attribue le Prix du Public et celui du jeune espoir.

     Wozniak

Il est né en 1954, à Cracovie (Pologne). Fils de journaliste, il contraint de s'exiler. Il choisit la France en 1982. Il illustre les chansons de John Lennon et Il fera deux albums : "I love Moscou" (1987), "Révolution" (1989).